Femme sans tête, 150 x 180 cm,
« Soudain »
Soudain, la femme sans tête contrarie l’espace qu’elle habite. Elle se contorsionne. Elle échappe, elle s’échappe. Elle se dissimule en partie, il lui importe de ne pas révéler la totalité de son entité. Par cette acrobatie, elle suggère une part de sa propre disparition, une part de manque.
Dans mon travail, je ne représente que rarement le corps dans sa globalité. Souvent, je le morcèle, cela me permet de faire des mises au point sur la zone souhaitée, afin de mettre en valeur ce qui s’y passe.
J’y révèle dans un moment donné ce que mon corps raconte.
Par le dessin, la broderie, les empreintes de cire…, je relève des signes de son évolution dans le temps. À la manière d’un archéologue, j’accumule des traces de vie d’un présent tombé tout juste dans le passé, je rassemble diverses sensations, ressentis, preuves du vivant.
J’utilise mon propre corps par proximité et comme expérience vécue.
Source d’inspiration, je le perçois comme un terrain foisonnant et empirique. Cela me permet d’évoquer le corps en général dans sa propre temporalité, spécifiquement celui de la femme. Mon observation s’étend également à ce que je peux noter chez d’autres personnes (chevelure, yeux, peau, étrangeté, réaction, émotion…) Il en résulte que je laisse souvent la part belle à l’anomalie, à la fragilité et à la maladresse.
Elise Bergamini, février 2014