Laurie Bayart, Galerie – Sans titre

© Laurie Bayart, https://lauriebayart.wordpress.com/

Laurie Bayart, l’éclatement de l’enfance.

Quand on est encore môme, on aime peindre à l’aquarelle. On se souvient tous du tablier en plastique qui fait shlock shlock et de l’eau qui devient colorée quand on y plante le pinceau. On se souvient aussi de la peur, celle qu’on apprend vite et fort. La peur des monstres du placard, le loup planqué sous le lit, celle que nous inspirent les adultes que nous deviendront un jour. Laurie Bayart avec sa peinture conjure le sort, elle déterre la force créatrice de l’enfance, la solitude, son cri, celui qui vient de ce prodigieux souvenir et qui est mort en nous.

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Quand on lui demande qui sont les enfants qu’elle peint, elle devient pensive et elle répond qu’elle ne sait pas. La question est idiote, on ne peut pas confondre enfant et enfance, et c’est de cette dernière dont il est question dans toutes ces toiles. Sa peinture vient du cœur de l’art même, de l’émerveillement entre l’enfance et la jeunesse dont elle tire sa force, de la générosité du geste pur. Elle peint le passage entre ces deux mondes, et nous laisse pensif, abandonné avec cette question qui traverse toute son œuvre et qui nous dit : l’enfance chez toi est-elle encore en vie ?

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Elle peint assise comme si elle écrivait, on peut d’ailleurs ressentir dans ses toiles, la littérature de Duras, Salinger, Goolrick, Pessoa. De son dessin on lit des références comme Chagall, Bacon ou les œuvres picturales de Lynch, mais avec les siennes on se jette de la falaise de l’enfance sans filet, mais peut-être bien avec des ailes.

L’enfance est un don éphémère mais Laurie Bayart l’a toujours et nous l’offre à voir, et le pouvoir de sa peinture fait écho aux mots d’Heidegger «  Tout œuvre d’art tend donc, à vrai dire à nous montrer la vie (…) C’est ce voile que l’art déchire. »

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 Tout le monde devrait avoir un tableau de Laurie Bayart chez soi, pour se rappeler ce que l’on a été et ce qu’on est encore parce que ces œuvres sont des miroirs de ce que nous avons de plus cher : le commencement.

par © Héloïse Guay de Bellissen

 

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