Freddy Cats, « Double exposure », polaroids

© Freddy Cats

« Double exposure » photographies polaroids de Freddy Cats

L’homme est un animal imbu de sa propre puissance. Autour des feux de la caverne il invente le langage, le concept. Il se souvient des expérience passées et imagine un futur potentiel, il décline, assemble, compile. Puis il conquiert le monde, l’asservit à l’aide d’outils qu’il conçoit à des degrés de sophistication quasi improbable.

Il est bon pour l’homme de lui rappeler que mémoire et imaginaire sont des équivalences, que leur fonctionnement neurologique est identique, fondamentalement basé sur la capacité à traiter une information définitivement primitive : l’image.

Quand je me souviens de toi, je vois, quand je t’imagine, je vois… des images.

La proposition de Freddy Cats dans « Double exposure » est à cet endroit précis de la mémoire et de l’imaginaire; ce que nous voyons n’est pas réel, ce sont des photographies, ce que nous percevons sont les fragments d’un temps incertain, des images doubles. Notre cerveau s’emballe, la notion de temps nous échappe, et nous vivons à notre insu une légère confusion amenée par l’image. L’artiste crée au fil d’une l’accumulation linéaire de ses polaroids doublement exposées, au travers d’une faille temporelle, répétée, un univers devenant au fur et à mesure de la lecture, incertain et troublant. Pourtant l’ensemble vous est étrangement familier car il suscite et connecte les deux pôles. Finalement entre mémoire et imaginaire, entre passé et futur, les œuvres ouvrent très habilement une fraction d’instant présent. Puis elles vous renvoient à votre errance, aux possibles mêlés des souvenirs, elles vous rappellent que dans vos désirs rien n’est réel, autre que vos souvenirs imaginaires.

texte d’Alexis Tolmatchev

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