Marine Luszpinski, série « Les Tatoués », 5 des 7 panneaux

© Marine Luszpinski

Marine Luszpinski : dompteuse, par Gabriel Demangeat

Des travestis lascifs, des avortons bougons, des amazones, des furies élevées à la testostérone, des êtres hybrides, des monstres, des ogresses au vagin de braise, des victimes émasculées, des postures belliqueuses, des défis, des vengeances, des muscles, des bides, des poils, des touffes impénétrables, des seins lourds de menaces, des contorsions, des faces de catastrophes, des masques hilares, des grimaces bien sûr, des cris peut-être, des grincements, des coups de hache dans du bois mou, des coups de brosse dans la gueule du bon goût, du rouge comme on n’en voit plus, des corps traversés par on ne sait quelle extase, souvenir d’une Grande Guerre que même un Otto Dix n’aurait osé cauchemarder.

Une bonne tape dans le dos. Puis un rire qui libère, un clin d’œil. La terreur crache ses derniers feux, réduite à cette chose, solitaire, qui se tortille au fond de son cratère. C’est donc ça? Ce n’est que ça? Mais c’est une mascarade, un cirque, un défilé de clowns! Vos poses sont figées, vos rugissements muets, vos gonflements touchants. Vous frôlez le mignon. Matisse, maître dompteur, n’était pas dupe: les couleurs, même les plus fauves, sont des chatons abandonnés.

N’aie crainte. Oui tu es beau, oui je te vois, je t’entends. Viens donc t’asseoir un peu. Ma ligne est fluide, douce quand il le faut, frissonnante, attentive à ces jolis défauts que tes plus beaux orages ne sauraient déranger. Dors mon petit, le tonnerre est ton lit, la foudre ma berceuse, ce chaos de lumière le toit qui nous unit.

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