Philippe Deutsch, « Jouni », 2014

2014_IMG_5098--Jouni-deutsch

« Jouni »

Graffiti artist dans les années 80, Philippe Deutsch développe des techniques personnelles à la bombe aérosol et entame une carrière de performer (printemps de Bourges, SOS Racisme, les Jeudis du Port à Morlaix…). Il rencontre des compagnies de spectacle de rue et de cirque (Malabar, Archaos, Cirque Baroque, les Tréteaux du Cœur Volant, Couleurs mécaniques…) avec lesquelles il collabore comme performer ou décorateur.

Quelques années derrière un écran d’ordinateur à faire des pochettes de disques et des productions multimédias, il retrouve son indépendance et travaille comme graphiste, envisageant l’image sous son aspect le plus global en étant tour à tour ou à la fois affichiste, webdesigner, photographe, vidéaste pour le Cirque Baroque, Cie Tout Fou To Fly, Cahin-Caha, Eolipile, le théâtre Tristan Bernard, l’Envolée Cirque, l’Académie Fratellini, Francky O’Right…

C’est aussi au cours de ces rencontres qu’il a pu créer de vrais liens de confiance qui lui permettent de proposer une approche visuelle personnelle : poser son sens esthétique sur ces corps d’artistes en mouvement et présenter aujourd’hui des séries photographiques sous forme d’expositions itinérantes. Ses photographies ont été exposées et publiées en France, Allemagne, Canada, Grèce…

Pour BlacKbox et les Tréteaux du Coeur Volant, Il renoue avec la peinture en direct, pour faire sortir du noir ses portraits géants à la brosse cette fois et parfois habillés de ses projections vidéo.

Ce lien étroit entre l’image et le mouvement l’amène aujourd’hui à concevoir des créations lumières, mêlant projections et dispositifs pour des spectacles de cirque et de danse.

Tr'espace : ArbeiT, Deutsch, 2013

Tr’espace : ArbeiT,
Deutsch, 2013

« J’ai eu de la chance, j’ai trouvé chez les artistes de cirque un vivier formidable. Des gens qui s’expriment avec leur corps, qui cherchent la lumière, et qui m’auront fait assez confiance pour se laisser aller à jouer hors spectacle, sans costume ni mise en scène… Juste une approche de mouvement, de préhension, de relation…

J’aime les corps, la peau, la contrainte du geste, pour raconter pour exprimer pour dévoiler…

ne pas arrêter l’instant

juste être le mouvement

et le laisser filer

pour dessiner d’un rai de lumière ces corps qui tiennent dans rien

juste un jeu de traces, de temps suspendus…

des instants fugaces

[quoi d'autre?]

Et toujours continuer à chercher ces instants, les fixer autrement, n’en retenir qu’une sensation, un trait.

deutsch_MG-9084

Capter ce mouvement, même s’il n’est qu’un regard, un geste futile, une émotion…et toujours laisser cette trace d’un temps suspendu.

Et si mes modèles sont presque exclusivement des femmes, c’est sûrement pour l’inconnu qu’elles me proposent et cette aptitude à laisser paraître sans montrer. »

© Philippe Deutsch,

www.deutsch-art.info (photo)

www.deutsch-art.com (graphisme)

Le travail de Philippe Deutsch ne propose pas une observation passive. Le voir détrône le percevoir. La prise de vue embrasse amoureusement un membre, un muscle… C’est de là que tout part, que tout se déploie, dans un enchainement réactif qui unit l’homme à l’univers. Comme le disait Carl Einstein à propos de Braque et du cubisme : « On avait oublié que l’espace n’était qu’un croisement labile entre l’homme et l’univers ».

Strange fruits, Deutsch, 2012

Strange fruits,
Deutsch, 2012

Deutsch met en évidence le corps humain non pas comme limite, frontière, barrière, mais au contraire comme évasion, comme dépassement, comme liberté. Le corps de l’artiste devient le point de départ d’une énergie que l’objectif capture pour lui permettre de se répandre, sous forme d’ondes mag[nét]iques. Le spectateur devient le conducteur de cette énergie qui le traverse, et le transperce. La fin de la condition tragique de l’homme ? En tout cas, un bon coup droit dans sa gueule.

© PourCendres, Septembre 2014

Philippe Deutsch participe à la 2ème Nuit de la Photographie Contemporaine, le 7 octobre 2014, à l’Esplanade des Invalides, de 11h à 23h. http://www.laroselart.fr/

Il expose ses photos à LarOcafé du 6 au 28 décembre 2014: 62, avenue de Verdun, 93230 Romainville: Vernissage le Vendredi 12 décembre.

Ce contenu a été publié dans Photo. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.